mercredi 10 septembre 2008

Récit de voyage au Vietnam : 1er épisode à Sapa

Notre voyage a commencé dans la Nord pour découvrir la région de Sapa à la rencontre des minorités ethniques.
Pour aller à Sapa, nous avons voyagé en train de nuit depuis Hanoï.
Départ : 21h. Arrivée le lendemain à 7h. Les couchettes étaient très confortables et nous avons globalement bien dormi malgré le bruit et les secousses. En revanche, le réveil a été musclé et rapide : le contrôleur est venu tambouriner à notre porte 5 mn avant l'arrivée du train et nous avons eu autant de temps pour en sortir.



A la descente du train, une jeune fille toute gentille habillée en costume traditionnel nous attendait. C'était notre guide, une guide des plus typiques, elle-même faisant partie de l'ethnie minoritaire des Dzaos.

Sur le trajet en direction des montagnes de Sapa (il faut compter 1h1/2 en voiture), nous commencions à découvrir progressivement cette région superbe.

A 1500 m d'altitude, Sapa a été entièrement fondée par les Français en 1922 à l'époque coloniale, au coeur d'un superbe cirque de montagnes, pour échapper à la chaleur étouffante de la plaine.
Les paysages sont à couper le souffle, les rizières en terrasses sont d'un vert lumineux à cette période de l'année juste après la mousson, avec un climat agréable à cette altitude.
La région de Sapa offre de magnifiques promenades longeant les rizières qui ondulent, les champs de maïs, à travers les villages enserrés au creux des vallées taillées et dessinés par les rizières en terrasses.
A certains endroits, nous avions l'impression de nous retrouver dans les Alpes.



Avec notre guide de la minorité des dzaos




Le Vietnam compte 54 minorités ethniques pouvant chacune posséder un dialecte.
Certaines minorités, longtemps persécutées, ont émigré de Chine aux 13e et 14e siècles. Chacune a son identité propre que l'on reconnaît à travers les costumes traditionnels et la langue. Tous ne parlent pas le vietnamien. Ceux qui le parlent sont ceux qui ont eu la chance d'aller à l'école.

Les Hmongs, majoritaires dans la région, ont plusieurs clans regroupés en Hmongs noirs, rouges, verts, fleuris, reconnaissables selon la couleur dominante de leurs costumes. Les costumes sont portés avec fierté pour perpétuer la tradition, et non pas pour attirer les touristes.
Les femmes Hmongs se rasent le pourtour de la tête et l'entourent de turbans de couleur. Elles portent beaucoup de bijoux artisanaux, de grandes boucles d'oreilles en anneaux, des colliers et bracelets et recouvrent leurs jambes de guêtres en tissu. Les hommes sont vêtus d'un pantalon bleu indigo et sont coiffés d'un calot (comme dans le Lotus Bleu dans Tintin).

Les minorités Thai et Giay vivent plutot au fond des vallées. Les hommes portent un turban sur la tête, les femmes portent généralement de beaux foulards, un pantalon de couleur sombre et une veste boutonnée à 5 niveaux sur l'épaule droite.

Un peu plus en altitude, les Dzaos, probablement les plus pauvres de la région, ont dû abandonner leurs terres, noyées par les eaux d'un grand barrage. Leurs villages sont assez loin des rizières et ils vivent dans un dénuement quasi total. Leurs vêtements sont très colorés, les femmes ont une tunique et un pantalon dont le bas est brodé. Elles arborent de grandes coiffes rouges.

Dans la région de Sapa, les minorités ethniques vivent très modestement de la riziculture en terrasse. Les femmes consacrent donc beaucoup de temps à la confection des vêtements, destinés à leur usage personnel mais aussi au tourisme.

Les textiles sont confectionnés à partir de marijuana ! Notre guide nous a expliqué et montré tout le process de fabrication, à partir de la plante. Il n'est pas fumé ici. Les femmes tissent les vêtements, les cousent et les brodent. Cela peut leur prendre un mois pour confectionner une jupe !
L'indigo est une plante que l'on coupe et que l'on fait tremper dans de grandes cuves pendant plusieurs jours. Ca colore l'eau en bleu indigo, dont les femmes se serviront pour teindre les vêtements. A force de les manipuler, leurs mains sont toutes colorées de bleu.

Le tourisme représente donc pour ces populations une activité alternative, permettant de vivre et de rester dans cette région. Les femmes et les enfants, certains de 6-7 ans, pas du tout timides, essayaient de nous vendre des babioles, en nous abordant dans un anglais qu'ils ont appris au gré de leurs rencontres avec les touristes. Notre guide nous expliquait d'ailleurs qu'elle avait appris l'anglais comme eux et qu'elle était devenue guide de cette façon. Elle nous expliquait aussi qu'elle avait 7 soeurs (!) et toutes ont appris l'anglais comme elle. Nous avons pensé aux pauvres parents, car dans leur culture, ne pas avoir de garçon signifie rompre avec la lignée des ancêtres.

Nos rencontres avec ces tribus ethniques, notamment les Hmongs et les Dzaos, qui ponctuaient nos treks dans les rizières et sur les routes autour de Sapa, demeurent des moments fabuleux et authentiques de notre voyage.




En chemin, nous sommes passés devant une école financée en partie par l'Unicef.


Les ethnies aux traditions authentiques, les costumes très colorés, des paysages splendides, mais aussi une dure réalité...




Nos randonnées nous ont menés à des villages Hmongs et nous ont fait découvrir leur culture et leur vie quotidienne. Nous avons pu visiter humblement leurs lieux de vie, où les traditions se perpétuent.

Leurs maisons sont construites en bois, bambou et chaume. Dans une des maisons que nous avons visitées, ils vivaient à deux familles, 15 personnes au total, avec des cochons, des poules, des canards et un chat.


L'espace intérieur est sombre et enfumé. Une pièce sert à la fois de salle à manger et de chambre. La cuisine se résume à un feu de bois sur lequel trône une grosse marmite, entouré de quelques ustensiles. Il n'y a pas d'eau courante.



Dans cette maison de Hmongs, François leur a emprunté un instrument de musique très traditionnel : un orgue à bouche avec anche et tuyaux, appelé le khen. Doté d'un son de cornemuse, il est joué à l'occasion des fêtes et des cérémonies funéraires. Il permet de raconter toute la vie du défunt : de la conception, dans le ventre de sa mère, sa naissance, sa vie, ses activités jusqu'au jour de sa mort.

Les provisions de maïs sont conservées sous les toits, que les Hmongs utilisent ensuite pour fabriquer de l'eau de vie.

Une grand-mère Hmong nous a invités à goûter leur eau de vie, faite de manière artisanale.


Notre guide nous a ensuite conduits au marché de Bac Ha, à 100 km et à 3h de voiture de Sapa. La route menant à Bac Ha a été à la fois pittoresque et chaotique. La route bitumée n'a guère duré et a laissé place à une piste digne du Paris-Dakar, donnant encore plus de charme à cette aventure. Il avait plu la nuit précédente et il pleuvinait encore.


Le grand marché de Bac Ha a lieu le dimanche, dans une débauche de couleurs et de parfums variés. Les tribus, majoritairement des Hmongs fleuris, s'y réunissent car c'est un véritable rendez-vous dominical et social.

Tandis que les hommes se retrouvent entre eux pour jouer et boire de l'alcool,

devant un bon ragoût de viande de buffle (!!!)

les femmes vendent des étoffes multicolores, des bijoux et toutes sortes de babioles. Elles portent sur leurs dos de lourdes hottes en osier remplies de toutes ces choses, qu'elles ont transportées depuis leurs villages situés à plusieurs heures de marche.

Un tourbillon de costumes colorés






Les hottes de piments cotoient les montagnes de tabac.


Le riz violet et orangé est coloré naturellement à base de plantes


On peut aussi y acheter des animaux vivants : buffles, vaches, cochons vietnamiens, chèvres et chevaux.




A la fin de ces 3 jours a Sapa, nos chaussures en ont pris un coup !
Même Doudou a traîné dans la boue...
Alors nous nous sommes décrottés dans les villages avec les moyens du bord


Sur le chemin du retour, nous avons été bloqués un bon moment dans un gros embouteillage provoqué par un camion qui était enlisé dans la boue. Avec des bonnes volontés et à coups de pioches et de pelles, le camion a pu s'en sortir et nous avons pu reprendre la route.


Essai en mobylette


Nous avons eu beaucoup de chance car le beau temps a énormément contribué à la réussite de cette formidable expérience culturelle.


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